L’église Saint Nicolas de Rodemack
L’actuelle église de Rodemack a été construite en 1783, comme en atteste l’inscription sur le fronton du portail extérieur et sur la clé de l’arc triomphal qui sépare la nef et le chœur. Son histoire est liée à celle de Pierre Emeringer qui devint le curé de la paroisse en 1781 après avoir été « aumônier du roi au château de Rodemack » alors que Marie-Philippe-Hubert chevalier de Bertrandy commandait pour le roi la forteresse du bourg.
A l’occasion de l’élection du juge de paix qui se tenait à l’église, le 21 décembre 1790, la rivalité entre les deux sections, celle du bourg de Rodemack et celle des villages du canton était telle que l’un des candidats falsifia un bulletin. Sa malhonnêteté engendra une bataille au sein même de l’église et un garde national y perdit la vie. L’église fut fermée pendant plusieurs mois avant d’être reconsacrée.
Un article dans le journal « Le Lorrain » du 5 décembre 1932 évoque le curé Emeringer. On y apprend qu’en 1791, « ayant refusé de prêter le serment », il se réfugia en Allemagne et revint à Rodemack en 1802 « reprendre son poste de curé ». Le serment mentionné, rendu obligatoire par le décret du 27 novembre 1791, avait été élaboré par l’Assemblée nationale constituante : « Je jure de veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse [ou du diocèse] qui m’est confiée, d’être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi ». La Constitution civile du clergé (abrogée par le concordat de 1801) réorganisait le clergé séculier français et instituait une nouvelle Église, l’Église constitutionnelle. Beaucoup d’ecclésiastiques hostiles à la Constitution civile du clergé (appelés réfractaires ou Insermentés), furent exilés, massacrés ou déportés.
Le tombeau de Pierre Emeringer est visible sur le côté de l’église avec l’inscription R(everendus) Admodum D(ominus), et, sous la croix « O crux ave, spes unica » (Salut, ô Croix, unique espérance).
L’église abrite le mausolée d’Hermann Fortuné et de son épouse Marie-Sidonie de Daun, fille du comte de Falkenstein.
L’inscription PRIDIE. NON. IAN. ACMDCLXV. AETATIS. SUAE. LX nous apprend qu’Hermann serait mort « la veille des nones de janvier 1665 », à l’âge de 60 ans. Pourtant, il était né en 1595. Quant à son épouse, elle serait décédée en 1675, à l’âge de 75 ans (ACMDCLXXV.AETATIS. SUAE.LXXV), alors qu’elle était née en 1605.
Un article paru dans Le Lorrain du 26 septembre 1925 nous donne des détails sur la sépulture de la famille de Bade. En revanche, le mystère semble subsister quant à la grand-mère d’Hermann, Cécilia de Suède, pour laquelle Christophe II, margrave de Bade avait fait construire la maison des baillis (voir notre publication du 24 avril). Elle serait décédée à Bruxelles, mais est-elle enterrée à Rodemack ? Un article est consacré à Cecilia dans le « Westliche Blätter » du Cincinnati Volksblatt du 9 décembre 1877, journal en allemand publié aux Etats-Unis, et qui s’adressait à la population germanophone installée dans l’Ohio. Il suppose que le corps de Cécilia repose dans le cimetière du village où elle est décédée.
Dans l’église de Rodemack, les autels latéraux auraient été exécutés par le sculpteur Nicolas Greff père, d’Altwies, tandis que la chaire et les deux confessionnaux datés de 1735 seraient de Nicolas Greff fils.
On découvre aussi de très jolies statues, comme celle de Saint Nicolas.
Saint Roch et Saint Sébastien, tous deux priés pour lutter contre les épidémies, sont également présents. On reconnaît Saint Sébastien aux flèches qui lui transpercent le corps, tandis que Saint Roch relève un pan de son vêtement pour faire voir sa plaie. Le chien à ses côtés porte un pain pour rappeler celui que son compagnon lui apportait chaque jour alors qu’il était atteint de la peste.
Ces deux saints sont également visibles sur le calvaire à côté de la chapelle Notre-Dame située à la sortie du village.